Maria P. Neira
Directrice du Département de la santé publique, de l’environnement et des déterminants sociaux de la santé (PHE) de l’Organisation Mondiale de la Santé
Institution spécialisée de l’ONU et organe référent de la santé publique dans le monde, l’OMS place les enjeux de qualité de l’air intérieur au cœur de sa mission et de son action. Responsable de plus de 3,3 millions de morts par an, la pollution de l’air domestique est particulièrement marquée dans les régions à revenus faibles ou intermédiaires, où les foyers utilisent souvent des sources d’énergie très polluantes pour se chauffer ou cuisiner. On estime ainsi que près de la moitié de la population mondiale fait cuire ses aliments et chauffe son logement avec des sources d’énergies dont la combustion est toxique pour l’être humain et son environnement. La pollution de l’air dans les foyers due aux particules fines de suie est très nocive pour les voies respiratoires et expose particulièrement les femmes et les enfants. La pollution de l’air intérieur est notamment responsable de maladies graves telle que la pneumonie ou la cardiopathie.
De nombreux obstacles économiques et politiques empêchent la réalisation de la transition énergétique dans ces régions. L’ouverture du dialogue et de la coopération entre décideurs politiques et acteurs du domaine de la santé publique est indispensable pour sensibiliser l’opinion publique aux liens existants entre qualité de l’air et changement climatique, et pour mener des politiques de santé publiques qui privilégient l’anticipation et la prévention de la pollution plutôt que son traitement. Il est également essentiel de souligner le besoin de coopération entre les acteurs de la santé et les secteurs économiques particulièrement émetteurs de pollution, afin de promouvoir des changements concrets en matière de santé publique.