Intelligence artificielle et robotique dans la ville

Numéro 17 (2017)

 

FACTS Reports - Intelligence artificielle et robotique dans la ville - 2017 - Une publication de l'Institut Veolia.

Le monde traverse aujourd’hui une vague d’urbanisation sans précédent, ce qui tend à concentrer sur les villes les plus grands problèmes de société mais aussi les plus grandes opportunités. Depuis des millénaires, les humains migrent vers les villes, attirés par leur promesse de créativité et de mobilité. En 1900, au début de la deuxième révolution industrielle, avec l’arrivée de l’électricité et du pétrole, seuls 200 millions de personnes vivaient dans les villes, soit environ un huitième de la population de l’époque*.
 

Un siècle plus tard, alors que nous entrons dans ce que de nombreux experts appellent une « quatrième révolution industrielle » menée par l’intelligence artificielle (IA), la robotique, l’édition génomique et les neurotechnologies, plus de 3,5 milliards de personnes vivent désormais dans les villes. Et les prévisions des Nations Unies indiquent que la population urbaine atteindra 5 milliards d’ici 2030 (60 % de la population) et 6,5 milliards d’ici 2050**.
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* Population urbaine en 1900 : « Human Population: Urbanization » (Washington, DC : Population Reference Bureau, 2007)
**Perspectives de la population mondiale : révision de 2011 (New York : Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies, Division Population, mars 2012),

 

 

SOMMAIRE

1. Comprendre l’essor de l’intelligence artificielle

 

La gouvernance algorithmique en expansion. Une publication de l'Institut Veolia.

2. L’IA dans la ville : l’ère de la prévision et de l’anticipation

 

Parviendrons-nous à faire profiter tout le monde de la révolution de l'IA ? Une publication de l'Institut Veolia.

3. Parviendrons-nous à faire profiter tout le monde de la révolution de l’IA ?

 

Possibilités ouvertes par l'automatisation - Nicolas Miailhe. Une publication de l'Institut Veolia.

 


 

1. Comprendre l’essor de l’intelligence artificielle

 

Les progrès et les convergences de l’apprentissage machine et des neurosciences, combinés à la disponibilité de vastes ensembles de données et à l’omniprésence de calculs de haute performance, nous propulsent dans une nouvelle ère de l’intelligence artificielle (IA).

 

La promesse de ces évolutions est tout aussi impressionnante que les risques et les défis qui en découlent. La plupart des spécialistes qualifient l’essor actuel de l’IA de « révolution industrielle », au même titre que les trois précédentes : la vapeur, puis le pétrole et l’électricité, enfin l’informatique.

Avant d’explorer les opportunités en matière de transformation et les défis associés au déploiement de systèmes d’IA dans les environnements urbains, il est important de définir et de contextualiser cette notion complexe. Il convient également d’analyser la dynamique de l’essor de l’intelligence artificielle : sa vitesse et son ampleur, les forces qui la façonnent, son économie politique et ses principaux acteurs au niveau mondial. C’est l’objectif de ce premier chapitre.

 

La troisième ère de l’intelligence artificielle
Nicolas Miailhe, Cyrus Hodes

 

La troisième ère de l'intelligence artificielle - Nicolas Miailhe, Cyrus Hodes. Une publication de l'Institut Veolia.

La définition même d’« intelligence artificielle » continue à faire débat1, notamment parce que la science n’a jamais été en mesure de forger une définition de l’« intelligence » acceptée de tous.

 

La promesse de ces évolutions est tout aussi impressionnante que les risques et les défis qui en découlent. La plupart des spécialistes qualifient l’essor actuel de l’IA de « révolution industrielle », au même titre que les trois précédentes : la vapeur, puis le pétrole et l’électricité, enfi n l’informatique.

Avant d’explorer les opportunités en matière de transformation et les défis associés au déploiement de systèmes d’IA dans les environnements urbains, il est important de définir et de contextualiser cette notion complexe. Il convient également d’analyser la dynamique de l’essor de l’intelligence artificielle : sa vitesse et son ampleur, les forces qui la façonnent, son économie politique et ses principaux acteurs au niveau mondial. C’est l’objectif de ce premier chapitre.

 

La signification des infrastructures d’information dans les villes de demain
Ricardo Alvarez

 

Facts-AI-04 La signification des infrastructures - R Alvarez. Une publication de l'Institut Veolia.

“La construction de ces espaces programmables ne se résume pas à mettre des fils dans les murs et des boîtiers électroniques dans les pièces... À terme, les édifi ces deviendront des interfaces informatiques et les interfaces des édifices.”
William Mitchell (1996)

 

Partout dans le monde, les villes enrichissent leur tissu urbain d’architectures numériques composées de capteurs, de coeurs informatiques et de réseaux de télécommunication. Ce processus transforme les systèmes d’infrastructure déjà installés en plateformes d’information et de services multifonctionnelles. Pour de nombreuses villes, la rapidité de la métamorphose numérique constitue un défi difficile à appréhender et nombre d’entre elles font face à la fois à une privatisation souterraine de la valeur informative des espaces publics et à une sous-exploitation du potentiel propre aux infrastructures numériques du 21e siècle en raison d’une méthodologie de développement urbain non inclusive et monofonctionnelle. Ces difficultés sont aggravées par la puissance potentielle d’écosystèmes de données à grande échelle : associés à des technologies comme l’apprentissage automatique, ces systèmes de données modifieront profondément les services urbains de l’avenir ainsi que nos modes de vie citadins. La manière dont les villes conçoivent leur développement structurel et leurs modèles institutionnels doit évoluer. Mais pour qu’une véritable synthèse inclusive des systèmes numériques de demain voie le jour – ces systèmes qui rendent la ville interactive et nous permettent d’accéder à un nombre infi ni de nouveaux services et d’expériences inédites – il faudra faire appel à la participation sociale et à des technologies impliquant des normes ouvertes.
 

L’IA et la robotique au service de la ville : imaginer et transformer les infrastructures sociales à San Francisco, Yokohama et Lviv
Margarita Boenig-Liptsin

 

Facts-AI-05 L'IA et la robotique au service de la ville - Margarita Boenig-Liptsin. Une publication de l'Institut Veolia.

Les efforts entrepris par les villes du monde entier dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA) et de la robotique, en vue d’une « amélioration », visent généralement à développer davantage ou à soutenir l’« infrastructure sociale ».

 

Le présent article s’intéresse à la manière dont les projets existants et planifiés dans les domaines de l’intelligence artificielle (IA) et de la robotique dans trois villes – San Francisco (États-Unis), Yokohama (Japon) et Lviv (Ukraine) – prévoient de développer
davantage ou de construire une infrastructure sociale en vue d’atteindre une certaine vision, considérée comme désirable, de la vie urbaine.

L’auteur a choisi des exemples contrastés, tant pour souligner l’infl uence des différentes manières d’envisager la relation hommemachine sur le type d’IA et de robotique envisagé et développé, que pour mettre en évidence des caractéristiques essentielles de l’infrastructure sociale soutenues par l’IA et la robotique, par-delà les histoires culturelles, économiques et civiques. San Francisco abrite nombre d’entrepreneurs, d’ingénieurs en informatique et de multinationales qui créent l’IA et la robotique présentes sur divers marchés, y compris les applications destinées aux villes. Sa proximité et ses liens avec la Silicon Valley nourrissent un certain imaginaire de l’intelligence artificielle urbaine. Yokohama, pour sa part, choisie comme la « ville du futur » au Japon, propose une expérience organisée, encadrée par l’État, dans le domaine de l’IA et de la robotique, en vue de créer sa fameuse « Society 5.0 ». À l’autre bout du spectre, la ville de Lviv réfléchit à la manière dont l’IA pourrait transformer son avenir, à l’heure où une organisation informelle pilote les différents projets.

Comment accélérer la mobilité durable avec le véhicule autonome ?
Mathieu Saujot, Oliver Sartor, Laura Brimont

 

Comment accélérer la mobilité durable avec le véhicule autonome. Une publication de l'Institut Veolia.

La mobilité autonome suscite depuis quelques années une attention importante.

 

La mobilité autonome a un fort potentiel de transformation de la mobilité, notamment vers plus de durabilité. Mais à rebours des messages diffusés par les promoteurs de la mobilité autonome, son futur est loin d’être écrit : plusieurs scénarios contrastés de développement et d’impacts peuvent se concrétiser. Les autorités publiques auront un rôle clé à jouer pour orienter vers les scénarios souhaitables et fi xer les conditions d’intégration de la mobilité autonome. Elles doivent en amont se demander à quelles conditions les VA peuvent les aider à atteindre leurs objectifs de mobilité durable.

Le secteur privé doit également s’interroger sur la manière dont les solutions technologiques et industrielles qu’il développe s’intégreront dans le système de mobilité de demain. Cette vision commune de la mobilité autonome devrait s’élaborer avec les pouvoirs publics locaux et nationaux.

 

L’IA, la robotique et la mobilité en tant que services : le cas de Singapour
Eng Huiling et Benjamin Goh

 

L'IA, la robotique et la mobilité en tant que services, le cas de Singapour. Une publication de l'Institut Veolia.

Les besoins économiques et les fortes contraintes matérielles ont conduit Singapour à adopter activement le véhicule autonome.

 

Avec un territoire de 729 km² et une population de 5,61 millions de personnes (en juin 2016), Singapour est notoirement un des pays les plus densément peuplés au monde. Environ 12 % de sa surface totale est occupée par les routes. Selon les projections, sa population devrait atteindre 6,9 millions en 2030. Par conséquent, il est prévu que la demande augmente concernant la réservation de terrains pour l’habitat, les infrastructures et les équipements. Les outils tels que les quotas de véhicules et les péages se sont révélés effi caces jusqu’à présent pour contrôler la croissance du trafic et limiter les embouteillages, mais il est peu probable que ces stratégies puissent répondre aux besoins futurs.

 

 

2. L’IA dans la ville : l’ère de la prévision et de l’anticipation

 

L'IA dans la ville, l'ère de la prévision et de l'anticipation, introduction. Une publication de l'Institut Veolia.

Dans cette deuxième partie, nous nous intéressons à l’un des exemples les plus parlants du déploiement de l’intelligence artificielle en ville.

 

L’IA peut être analysée essentiellement comme une « technologie de la prévision », dont la diff usion peut permettre de réduire de façon considérable le coût de traitement des données historiques. Il devient donc moins coûteux de formuler des prévisions destinées à un large éventail de tâches essentielles telles que l’établissement de profils de risques, la gestion des inventaires ou la prévision de la demande.

Cette baisse des coûts peut alors entraîner une hausse de la confiance dans les prévisions utilisées dans un nombre grandissant d’activités, comme la banque et l’assurance, l’immobilier et la construction, la surveillance médicale et la maintenance prédictive de divers équipements et d’infrastructures complexes.

 

Hubgrade – Centres de pilotage de l’efficacité énergétique : mesurer la consommation de ressources pour se rapprocher d’une Économie Circulaire
Antonio Neves Da Silva, Patrice Novo

 

Hubgrade - Centres de pilotage de l'efficacité énergétique - A Neves Da Silva, P Novo. Une publication de l'Institut Veolia.

Hubgrade est le nom que Veolia donne à ses centres de pilotage dédiés à la gestion de l’eau, de l’énergie et des déchets.

 

Comment les villes, les entreprises et les industries peuvent-elles stimuler la croissance alors que les ressources se font plus rares ? Tout d’abord en commençant par mesurer leur consommation afi n de mieux la gérer. De plus, nous pouvons tous prendre nos distances par rapport à un modèle linéaire de consommation. Et, grâce à la révolution numérique qu’est l’IdO*, nous pouvons accélérer cette transition dès aujourd’hui.

Veolia est le seul acteur à proposer un suivi et une optimisation des fl ux d’eau, d’énergie et de matières en temps réel. C’est pourquoi nous développons des centres de pilotage de l’effi cacité énergétique que nous appelons Hubgrades. Ils utilisent la technologie des objets connectés et l’intelligence artificielle. Ces centres permettent de créer de nouveaux emplois et de nouvelles opportunités commerciales de préservation des ressources. Hubgrade stimule l’efficacité énergétique et
les mesures de préservation de l’eau. Il permet aussi d’optimiser la récupération des matériaux et l’utilisation d’énergie renouvelable. Mais tout cela n’est évidemment possible que grâce à l’importance reconnue au facteur humain.
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*IdO – Internet des objets

Les technologies urbaines en plein essor : quand l’apprentissage machine vient bousculer l’immobilier
Entretiens avec Marc Ruzen et Jasjeet Thind par Stanislas Chaillou, Daniel Fink et Pamella Gonçalves

 

Les technologies urbaines en plein essor - M Rutzen, J Thind. Une publication de l'Institut Veolia.

 

Dans le secteur immobilier, la pratique de l’analyse urbaine fondée sur l’IA est en plein essor.

 

La science des données et la logique algorithmique sont à la pointe des nouvelles pratiques de développement urbain… ou presque. Presque, c’est-à-dire ? Car telle est la question. En effet, selon les spécialistes, la numérisation dépassera largement la gestion des bâtiments intelligents. De nouveaux outils d’analyse, dotés de capacités de prévision, pourraient avoir des conséquences majeures sur l’avenir du développement urbain, remodelant du Entretiens avec : même coup le secteur immobilier.

Dans l’introduction de son ouvrage « Smart Cities », Anthony Townsend pose la question en des termes très simples : « Aujourd’hui, le nombre de personnes vivant en ville dépasse le nombre de personnes vivant à la campagne, le nombre de connexions mobiles haut débit dépasse le nombre de connexions fixes et les machines sont plus nombreuses que les personnes sur le nouvel Internet des Objets. »


Dubaï et sa feuille de route pour l’intelligence artificielle – Progrès déjà accomplis

Interview de Wesam Lootah par Nicolas Miailhe

 

Dubaï et sa feuille de route pour l'intelligence artificielle - Wewam Lootah. Une publication de l'Institut Veolia.

Dubaï est à la pointe de l’adoption de technologies transformatives, qu’elle a déjà mises en oeuvre pour devenir l’une des villes adeptes de l’intelligence artificielle.

 

L’aventure a débuté en octobre 2016, quand le Smart Dubai Government Establishment, le Département du développement économique et IBM ont collaboré au lancement de « Saad », un service gouvernemental basé sur l’IA et alimenté par les capacités d’IBM en matière d’intelligence artificielle. « Saad » est un service qui permet aux utilisateurs de poser des questions sur tout ce qui concerne les entreprises et d’obtenir des réponses à jour sur les procédures d’obtention de licence et d’enregistrement à Dubaï. Exemple de question : « Bonjour Saad, quels sont les documents nécessaires pour ouvrir un café à Dubaï ? »

Wesam Lootah est PDG du Smart Dubai Government Establishment. Émirati engagé et talentueux, Wesam a plus de 18 ans d’expérience à des postes de leadership stratégique où il tire parti des technologies de l’information pour créer des supports innovants et des infrastructures de Smart Government permettant d’améliorer la qualité des services publics proposés aux citoyens, aux habitants, aux visiteurs et aux entreprises de Dubaï.


Le rôle de l’intelligence collective augmentée dans la gouvernance municipale

Interview de Frank Escoubes par Nicolas Miailhe et Arohi Jain

 

Le rôle de l'intelligence collective augmentée - Frank Escoubes. Une publication de l'Institut Veolia.

Assembl est la première plateforme en ligne délibérément conçue pour faciliter l’intelligence collective.

 

En matière de gouvernance municipale, le recours aux méthodes d’intelligence collective avec des plateformes et des outils dédiés devient progressivement la norme dans le monde entier. Ces méthodes s’imposent en effet comme un bon moyen d’impliquer les citoyens, les utilisateurs et les parties prenantes dans la conception et la mise en oeuvre de politiques. Cette nouvelle approche de la « conception de politique ouverte » devrait bénéfi cier de l’essor de l’intelligence artificielle, qui peut faire office d’agent cognitif quand il s’agit d’organiser et résumer les contenus, mais aussi d’agent social, en interagissant directement avec les participants. L’IA permet également de contribuer au factchecking, de générer automatiquement des résumés et de schématiser des concepts.

Assembl est la première plateforme en ligne délibérément conçue pour faciliter l’intelligence collective. Son principe : par une méthode de consultation en plusieurs étapes, elle contribue à mobiliser de nombreux participants sur un enjeu clé. Assembl se concentre sur l’argumentation, la structuration dynamique des idées et veille à éliminer le bruit. Elle entend cocréer un résultat stratégique en un laps de temps réduit, généralement six à dix semaines. L’outil et sa méthodologie sont développés par Bluenove. Assembl est née d’un partenariat avec le MIT, dans le cadre d’un programme de R&D financé par l’Union européenne. Ce logiciel open source est largement applicable aux grandes entreprises ainsi qu’aux entités publiques et aux groupes civiques.
 

Possibilités ouvertes par l’automatisation en matière économique, sociale et de politiques publiques
Nicolas Miailhe

 

Possibilités ouvertes par l'automatisation - Nicolas Miailhe. Une publication de l'Institut Veolia.

Selon une majorité d’experts, les avantages potentiellement induits par l’essor de l’intelligence artificielle et de la robotique sont du même ordre que les trois révolutions industrielles précédentes.

 

L’essor de l’intelligence artificielle et de la robotique devrait créer toutes sortes d’opportunités qui soutiendront la croissance et le développement au cours des décennies à venir. Elles pourraient entraîner une vague de gains de productivité et révolutionner les secteurs de la santé, des transports, de l’éducation, de la sécurité, de la justice, de l’agriculture, de la vente au détail, du commerce, de la finance, de l’assurance et de la banque, entre autres.

Selon une majorité d’experts, les avantages potentiellement induits par l ’essor de l’ intelligence artificielle et de la robotique sont du même ordre que les trois révolutions industrielles précédentes. La vague attendue en termes de gains de productivité déclenchée par l’automatisation pourrait soutenir la croissance et le développement au cours des décennies à venir, compensant ainsi la diminution de la population active. Comment ? En améliorant l’efficacité des processus de prise de décision et la gestion des ressources de systèmes complexes, en explorant de façon systématique les gisements et flux croissants de données. Avec la valorisation des compétences et de la prédiction, l’essor de l’intelligence artificielle pourrait aussi changer radicalement la qualité de vie pour tous, en révolutionnant les secteurs de la santé, des transports, de l’éducation, de la sécurité, de la justice, de l’agriculture, de la vente au détail, du commerce, de la finance, de l’assurance et de la banque, entre autres. Les avantages à en retirer doivent être mieux compris, soutenus et gouvernés.

Le projet « Digital Tools » (outils numériques) au service de logements urbains pour populations à faible revenu en Inde
Marco Ferrario, Rakhi Mehra, Swati Janu

 

Le projet Digital Tools - Marco Ferrario, Rakhi Mehra, Swati Janu. Une publication de l'Institut Veolia.

L’article s’intéresse au travail de l’équipe de mHS CITY LAB, une entreprise sociale basée à Delhi, et aux possibilités offertes par les plateformes numériques qui permettent, dans les régions urbaines pauvres du Sud, d’aider des communautés à faible revenu à construire elles-mêmes des logements plus sûrs et de meilleure qualité.

 

Fondée en Inde, mHS CITY LAB est une entreprise sociale qui se donne pour mission de développer des solutions de logements innovantes pour les populations défavorisées des villes. L’ idée consistait à créer des logements abordables et sûrs dans les quartiers informels. mHS a réussi à mettre en place des projets pilotes de conception de logements avec des agences de microfinance et oeuvre actuellement à la création d’une série d’outils numériques destinés à améliorer la qualité de l’environnement construit. Les équipes interdisciplinaires travaillent en partenariat étroit avec des organisations telles que la SAATH et la SEWA, des agences comme la Banque mondiale, des institutions financières et de microfinance, enfin des think tanks comme le Centre for Policy Research.

 

Les Blockchains et le système nerveux citoyen
Alessandro Voto

 

Les blockchains et le système nerveux citoyen - Alessandro Voto. Une publication de l'Institut Veolia.

Dans cet article, Alessandro Voto nous fait découvrir de quelle manière l’essor des protocoles blockchain transformera la gestion des villes.

 

Ils permettent en effet d’imaginer une gouvernance municipale plus répartie et l’émergence d’une nouvelle gamme de services urbains où machines et humains collaborent d’une nouvelle manière pour le stockage, les déplacements et les transactions. Destinés à fonctionner pour un prix bien plus modique que les protocoles centralisés, ces nouveaux services seront particulièrement adaptés aux populations mal desservies, en leur apportant une identité plus mobile et plus sûre, adaptée à leur création de valeur.

Contrairement au « cerveau » centralisé de la politique traditionnelle de la cité, les systèmes nerveux citoyens basés sur la technologie blockchain distribueront l’intelligence politique et les dynamiques économiques jusqu’en périphérie. Les humains ne seront plus les seuls à prendre des décisions et à agir en conséquence. Les machines et les agents d’ intelligence artificielle seront des contributeurs tout aussi impliqués dans la symphonie de la cité intelligente de demain.

 

 

3. Parviendrons-nous à faire profiter tout le monde de la révolution de l’IA ?

 

Parviendrons-nous à faire profiter tout le monde de la révolution de l'IA ? Une publication de l'Institut Veolia.

Nombre de spécialistes, soucieux des conséquences socio-économiques de la révolution de l’intelligence artificielle par rapport aux autres révolutions industrielles du XIXe et du XXe siècles, se posent la question suivante : « Et si c’était diff érent, cette fois-ci ? ».

 

Certes, cette révolution pourrait être une destruction créatrice au sens schumpétérien, synonyme de revenus plus
élevés, de meilleure qualité de vie pour tous et de création de nouveaux emplois encore inconnus, remplaçant ceux
que l’automatisation fait disparaître. Mais elle pourrait aussi tourner à la création destructrice, annonciatrice du chômage de masse ou de la perte de contrôle sur les processus de prise de décision. Tout dépendra de la rapidité et de l’ampleur du développement et de la diffusion des technologies d’intelligence artificielle, un point sur lequel les experts sont loin de s’accorder. Les décisionnaires doivent investir plus de ressources pour développer une meilleure compréhension de la notion même et de la dynamique de la révolution de l’IA. En outre, la capacité des sociétés et des villes à faire de la révolution de l’IA une destruction créatrice, et à faire profiter de ses avantages le plus grand nombre, dépend principalement de la manière dont les sociétés réagissent, à titre individuel et collectif.
 

Les défis politiques de l’automatisation
Nicolas Miailhe

 

Les défis politiques de l'automatisation - Nicolas Miailhe. Une publication de l'Institut Veolia.

Selon notre analyse, pour faire en sorte que tous puissent profiter de la révolution de l’IA, il convient de mettre en place des réformes, de repenser la sécurité sociale, les mécanismes de redistribution, ainsi que les systèmes d’éducation et de développement, afin de permettre des transitions professionnelles reproductibles et viables.

 

Nombre de spécialistes, soucieux des conséquences socio-économiques de la révolution de l’intelligence artificielle par rapport aux autres révolutions industrielles du XIXe et du XXe siècles, se posent la question suivante : « Et si c’était diff érent, cette fois-ci ? ». Certes, cette révolution pourrait être une destruction créatrice au sens schumpétérien, synonyme de revenus plus élevés, de meilleure qualité de vie pour tous et de création de nouveaux emplois encore inconnus, remplaçant ceux que l’automatisation fait disparaître. Mais elle pourrait aussi tourner à la création destructrice, annonciatrice du chômage de masse ou de la perte de contrôle sur les processus de prise de décision. Tout dépendra de la rapidité et de l’ampleur du développement et de la diffusion des technologies d’ intelligence artificielle, un point sur lequel les experts sont loin de s’accorder. Toutefois, l’avenir de la technologie n’est en aucun cas tout tracé : la politique et les choix institutionnels compteront pour beaucoup dans son évolution.

« Mariane Reloaded », scénario de design spéculatif sur les controverses et enjeux de politique publique pouvant accompagner la mise en place de civic bots de nouvelle génération
Geoffrey Delcroix

 

Marianne Reloaded, scénario de design spéculatif - Geoffrey Delcroix. Une publication de l'Institut Veolia.

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Fin 2027, les Lillois découvrent l’intelligence artificielle Marianne Reloaded, un civic bot qui vient resserrer les liens entre les habitants et leurs élus. Fondation d’un renouveau de la confiance dans la vie politique, le modèle, lancé par la société privée Civitar, émane en réalité directement des habitants de la ville qui ont financé et façonné collectivement l’outil au cours d’une campagne de crowdfunding.

 

Désormais, les citadins peuvent communiquer à l’interface leurs opinions, réclamations et suggestions par messagerie instantanée. La municipalité prend ainsi le pouls de ses administrés avec une facilité et une fluidité déconcertantes.

« Smart City ». Impossible d’ignorer ce terme qui – loin d’être nouveau – fleurit pourtant sur toutes les lèvres et alimente d’innombrables fantasmes. Mais quelles réalités recouvre-t-il ? Entre les mains des industriels et géants du numérique, la ville intelligente déchaîne une compétition internationale féroce à laquelle les villes s’adonnent avec passion.

Pour les structures de moindre envergure, elle serait avant tout le terrain de jeu d’initiatives participatives. Des hackers citoyens viennent ainsi en redessiner les contours pour améliorer la transparence et le vivre-ensemble.

Tout semble opposer ces deux approches, l’une fermée et descendante, l’autre ouverte et horizontale au champ des possibles illimité. L’enjeu de la Smart City ne serait-il pas d’arriver à les faire coïncider, dans le respect des libertés individuelles et de la vie privée de chacun ?


Intelligent City et usages innovants des données personnelles : des scénarios pour engager un rééquilibrage privé/public par les données

Geoffrey Delcroix

 

Intelligence City et usages innovants des données personnelles - Geoffrey Delcroix. Une publication de l'Institut Veolia.
CNIL – Five BY Five © Léa Chassagne

Face aux injonctions contradictoires de la smart city – personnaliser tout en respectant la vie privée, optimiser sans rejeter – et pour répondre au bouleversement du jeu des acteurs, notamment avec l’arrivée des industriels de la donnée, il convient de produire de nouvelles formes de régulation de la donnée urbaine, dans le respect des individus et de leurs libertés.

 

Comment permettre le partage avec des acteurs publics de données collectées et exploitées par des acteurs privés, mais qui auraient une forte valeur ajoutée pour des fi nalités d’intérêt général, dans le respect des droits des entreprises en question, ainsi que des droits et libertés des personnes concernées? C’est une question à laquelle le droit et les politiques publiques essayent aujourd’hui de répondre. Comme décrit dans les autres parties du cahier « La plateforme d’une ville » de l’équipe d’innovation et de prospective de la CNIL, autorité française de protection des données, disponible en ligne (en français1), les nouveaux services de la ville numérique s’appuient de plus en plus sur des données personnelles, collectées et traitées pour un service commercial par des acteurs privés.

Ces données qui n’entrent pas dans le périmètre organique du Service public (régie directe, concession…) ont cependant une interaction forte avec les enjeux de service public, voire sont précieuses pour remplir des missions de service public.

Aujourd’hui, différents outils sont envisagés par les parties prenantes à ce débat. Tous présentent de sérieuses limites, tous offrent de vraies opportunités. Tous impliquent de trouver une adéquate balance des droits et devoirs entre les différents acteurs concernés.
 

Intelligence artifcielle et protection de la vie privée : comment identifier et résoudre les problèmes
Yves-Alexandre de Montjoye, Ali Farzanehfar, Julien Hendrickx, Luc Rocher

 

Intelligence artificielle et protection de la vie privée. Une publication de l'Institut Veolia.

L’intelligence artificielle (IA) a le potentiel de modifier en profondeur nos manières de travailler, de vivre et d’interagir.

 

Il n’existe pourtant pas d’IA générale et la précision des modèles d’apprentissage automatique actuels dépend largement des données avec lesquelles ils ont été formés. Dans les décennies à venir, le développement de l’IA sera conditionné par l’accès à des ensembles de données médicales et comportementales plus vastes et plus riches. Nous avons aujourd’hui des preuves solides du fait que l’outil que nous avons utilisé par le passé pour établir un équilibre entre l’utilisation des données agrégées et la protection de la vie privée des personnes, la désidentifi cation, ne fonctionne pas avec de vastes ensembles de données. Le développement et le déploiement des « technologies renforçant la protection de la vie privée » (PET), permettant aux contrôleurs de données de rendre les données disponibles de manière sûre et transparente, seront essentiels pour que puisse s’exprimer tout le potentiel de l’IA.

Un monde qui était une simple vision il y a quelques années devient aujourd’hui réalité. Les voitures apprennent à conduire seules, l’analyse prédictive transforme les soins médicaux et la recherche, et le monde de la finance utilise des algorithmes pour identifier les fraudeurs. Les sociétés de carte bancaire collectent et surveillent déjà toutes les transactions* pour détecter la fraude en temps réel. Les voitures autonomes vont transformer les espaces de stationnement, les habitudes liées au trajet domicile-travail, et devraient fortement réduire les accidents de la circulation. En médecine, on commence à utiliser des algorithmes pour identifier les molécules à fort impact dans le développement pharmaceutique, et pour accélérer le diagnostic du cancer de la peau avec une exactitude au moins égale à celle des experts en dermatologie**. De quelle manière ces changements vont-ils affecter nos sociétés ?

*Esteva, A., Kuprel, B., Novoa, R. A., Ko, J., Swetter, S. M., Blau, H. M., & Thrun, S. (2017), Dermatologist-level classifi cation of skin cancer with deep neural networks. Nature, 542 (7639); 115-118.
**McKenna, F. (2017), 11 Companies That Teach Machines To Detect Fraud, Frankonfraud.com, http://frankonfraud.com/fraudproducts/ 10-companies-that-use-machine-learning-to-solvefinancial-fraud.

 

La géopolitique de l’IA et de la robotique
Interview de Laurent Alexandre par Nicolas Miailhe

 

La géopolitique de l'IA et de la robotique - Laurent Alexandre. Une publication de l'Institut Veolia.

Ce qui va radicalement accélérer le tsunami de l’IA dans les 20 prochaines années, c’est le développement d’interfaces cerveau-ordinateur. Un sujet crucial dont s’est emparée la Silicon Valley, et notamment Elon Musk en lançant sa nouvelle startup Neuralink.

 

Dans cette interview, Laurent Alexandre revient sur les enjeux géopolitiques de la montée en puissance de l’IA et de la Robotique. Il formule un diagnostic sévère vis-à-vis du retard des Européens en la matière et dépeint le tableau de conflits d’un nouveau genre.

Laurent Alexandre est chirurgien-urologue, cofondateur du site Web Doctissimo. Il s’intéresse de près aux problématiques de l’intelligence artificielle, de la robotique et du transhumanisme. Il vient de publier La Guerre des Intelligences (JC Lattes, 2017). Il a auparavant publié Les robots font-ils l’amour ? : le transhumanisme en 12 questions (Dunod, 2016), et La Mort de la Mort (JC Lattes, 2011).

La gouvernance algorithmique en expansion : quand la loi devient code

Samer Hassan, Primavera De Filippi

 

La gouvernance algorithmique en expansion. Une publication de l'Institut Veolia.

« Le code fait loi » est une forme de réglementation dans laquelle la technologie est utilisée pour appliquer les règles existantes. Avec l’avènement de la technologie blockchain et de l’apprentissage automatique, nous assistons à une nouvelle tendance par laquelle la technologie prend peu à peu la main sur ces règles.

 

Nous consacrons une part grandissante de nos vies à interagir sur des plateformes dont le nombre d’utilisateurs dépasse de loin le nombre de citoyens de certaines nations. Pourtant, leur gouvernance est très éloignée des valeurs prônées par les pays démocratiques. Elle s’exerce à travers des logiciels et des algorithmes qui régissent nos interactions. Comme l’a établi Lessig, « Le code fait loi », dans une forme de réglementation où les acteurs privés pourraient imposer leurs valeurs en les intégrant à des artefacts technologiques, contraignant effectivement nos actions. Aujourd’hui, le code est aussi utilisé par le secteur public comme un mécanisme de réglementation. Cela s’accompagne de certains avantages, principalement liés à la possibilité d’automatiser la loi et de garantir a priori, c’est-à-dire en amont de toute action, la bonne application des règles et procédures. Cependant, les inconvénients de la réglementation-code ne sont pas moins significatifs et risquent même, à terme, de porter atteinte à certains principes fondamentaux du droit. La technologie blockchain s’accompagne de toutes nouvelles opportunités visant à transformer la loi en code. En transposant des dispositions légales et contractuelles sous la forme de « contrats intelligents » basés sur la technologie blockchain dotés d’une « garantie d’exécution », on s’assure de la bonne application automatique de ce type de règles, dont l’exécution se déroulera donc toujours comme prévu, indépendamment de la volonté des parties.
 

Véhicules autonomes : promesses et obstacles
Interview d’Andy Palanisamy par Nicolas Miailhe

 

Interview d’Andy Palanisamy. Une publication de l'Institut Veolia.

Dans son interview, Andy Palanisamy nous présente la dynamique et les écueils associés à l’essor des véhicules autonomes. Il aborde aussi la question des limites de cette technologie face aux impératifs mondiaux du XIXe siècle en matière de mobilité.

 

Andy Palanisamy est un professionnel de la technologie, des politiques publiques et de la stratégie, fort de plus de seize ans d’expérience dans divers secteurs. Après plus de dix ans à la tête des initiatives de recherches du Département américain des transports, Andy occupe un poste de direction chez Ford Smart Mobility. Il apporte à cette fonction sa compréhension approfondie des questions techniques et de politique publique associées aux initiatives technologiques de pointe en matière de transports et de mobilité, comme les véhicules autonomes/connectés (autrement dit, tout ce que recouvre la notion de « systèmes de transports intelligents »).
 

Les villes face à l’ubérisation
Interview de Roland Ries par Nicolas Miailhe

 

 Les villes face à l'ubérisation, interview de Roland Ries. Une publication de l'Institut Veolia.

 

Qu’on se le dise une bonne fois : les batailles pour leur faire barrage sont perdues d’avance !

 

Initiateur du retour du tramway à Strasbourg dès le début des années 1990, Roland Ries s’est spécialisé dans les questions de transports et de déplacements urbains. Élu Maire de Strasbourg en 2008 et réélu en 2014, il y met en oeuvre une politique de renforcement et de diversification des moyens de déplacements alternatifs à la voiture individuelle. À plus long terme, il porte la vision d’une agglomération à l’urbanisme plus compact, mixte et mieux en lien avec la ville voisine de Kehl, à la faveur d’une ligne de tramway qui franchira le Rhin en 2017. Roland Ries est également 1er Vice-président de l’Eurométropole de Strasbourg, en charge des transports, des mobilités et déplacements ainsi que du Groupement des Autorités Responsables de Transports (GART). Sénateur de 2004 à 2014, il est considéré comme l’un des meilleurs spécialistes des mobilités en Europe. Il est président de Cités-Unies France.