Franck Aggeri
Professeur à MINES Paris-PSL
Innovez toujours plus et toujours vite. Telle est l’injonction qui s’impose à tous : individus, entreprises, États. En matière de transition écologique, cette croyance dans les bienfaits de l’innovation porte un nom : les innovations technologiques « vertes » (voiture électriques, énergies renouvelables, etc.). Celles-ci sont présentées comme la condition d’une « croissance verte », c’est-à-dire d’un modèle qui promet de créer des richesses économiques sans engendrer d’impacts environnementaux. Or ce modèle est dangereux pour trois raisons : il mésestime les transferts de pollution entre phases du cycle de vie ; il ne prend pas en compte les effets d’échelle et les effets systèmes associés à l’adoption massive de ces innovations ; il fait croire aux individus qu’ils pourront conserver leurs modes de vie et de consommation puisque la technologie va résoudre la crise écologique.
Si des effets négatifs associés à ces innovations technologiques sont avérés, comment innover autrement pour éviter ces effets indésirables et contribuer à une société véritablement soutenable ? Cet article explore deux pistes de réflexion complémentaires : la responsabilisation des innovateurs sur les conséquences à long terme de leurs projets ; la promotion de projets d’innovation plus sobres fondés sur la transformation des modes de vie, de consommation et de production, compatibles avec les limites planétaires et les besoins des générations futures.